détester le peuple pour en rire
scritto mercoledì 13 dicembre 2006 alle 12:15
Il y a la cruauté. Et il y a la méchanceté.
La cruauté artaudienne nous étonne e frappe pour ouvrir la route d’une nouvelle perception de la réalité, qui peut se réaliser seulement dans l’extraordinaire de la scène théâtrale. L’espace magique.
Mais il s’agit de magie aussi quand on parle du travail de la couple Jérôme Deschamps – Macha Makeieff, qui nous propose au théâtre Chaillot de Paris jusqu’au 30 décembre, une sorte d’éloge de la méchanceté en trois épisodes inspirés par Les scènes populaires d’Henri Monnier. Dans le spectacle rien ne corresponde vraiment au travail du grand dessinateur et homme de théâtre, mais tous paraissent sortir de son imagination, les costumes étant pareils aux figures délicates et grotesques en même temps de l’univers populaire qu’on rencontre dans l’œuvre de Monnier et les gags semblants jaillir par ces images. C’est la façon de travailler qui plus ressemble à celle du créateur de Monsieur Prudhomme : dessiner avant de mettre en scène, partir de l’image pour recueillir les impressions rapides d’une humanité sanglante et ivrogne.
Il s’agit de trois petites pièces dans un espace qui souligne – avec esprit fantastique – un intérieur parisien, souvenir de XIXe siècle. Trois ambiances en une. Divisées comme dans un cabaret fantastique et tordu, par les intermèdes ironique-musicaux (humeur irrésistible), réalisés et joués par l’habile Catherine Gavrilovic et ses compagnons, Philippe Leygnac – joueur fantaisiste et mangeur de canapés – et Philippe Rouèche.
On voit défiler les personnages comme dans une fete de fous où la tragédie de l’injustice devient la raison d’un rire sauvage e méchant. D’abord la concierge et ses bavardages de petite vie, tous joués sur un accent naturellement stupide e provincial. Et après voilà la moquerie sur l'accent parisien, pas moins con bien que plus hautain. Bavardages d’un quotidien où la vie et la morte se mélangent dans des exécutions capitales vues comme des événements mondains. «Désolée pour hier mais je n’ai pas pu venir à l’exécution de votre mari… C’était réussi ? Faisait-il beau ?». XIXe siècle de fantaisie où les gestes de Napoléon sortent d’un univers clownesque qui fait rigoler pour sa stupidité. Et si cette stupidité fait rigoler, il est vrai aussi qu’elle inspire une rage incontrôlée, un cynisme pas loin de la haine amoureuse que les intellectuels de tous les temps ont senti pour un peuple bête, car émule – plutôt qu’antagoniste – d’une noblesse encore plus stupide. Mais l’humeur absolument française de la pièce et l’extraordinaire vis comica "slapstick" de Deschamps et Bolle Reddat, leurs papotages niais, leurs relations de victime et bourreau, nous emmènent dans la dimension du rire absolu en oubliant cette cruauté. Au moins jusqu’à la fin, quand une apoplexie abattra Madame Desjardins, la méchante et radine alcoolique… et finalement la mesquinerie de la vie populaire nous sera révélée.
great blog
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Thanx miloudi… but I don’t speak arab to understand your forum’s threads ;-(