La violence de la consommation
scritto mercoledì 14 ottobre 2009 alle 09:39
Les spectacles de Rodrigo Garcìa (1964) – dramaturge et metteur-en-scène argentin, naturalisé espagnol – ne prévoient pas de structures narratives fixes, mais s’adaptent au public au fur et à mesure des étapes en tournées, « en inspirant » le même oxygène des parterres.
Dans un entretien de 2006 [1], Garcìa éclaircit la portée de cette « dislocation », qui n’est pas un phénomène géographique, mais un vrai effort éthique. Comme les œuvres d’Anita Mendieta, les pièces de Garcìa déclenchent une réflexion en passant par l’association de deux éléments lointains, dont la relation est « imprévue ».
La délocalisation est racine d’une surprise. Par exemple, quand Garcìa utilise la Murga [2] pour transformer ses acteurs en masse de viande, chair humaine à plusieurs niveaux politiques : bleue, saignante, à point, carbonisée. Ce détournement devient espace d’articulation de la pensée : pour Mendieta une pelouse qui ressemble à une femme violée ; pour Garcìa l’image de Ronaldo, clown de McDonald’s, qui songe d’empoisonner les « Happy Meal ».
D’ailleurs, le nom de la compagnie de Garcìa, Carnicerìa, est évocateur d’une dislocation qu’on dirait « originelle », celle de l’immigration du tiers au premier monde, du passage (autobiographique) de la province à Buenos Aires, et puis de Buenos Aires à l’Europe. Carnicerìa : la boucherie du père, pour tracer une ligne subtile entre dimension biographique et narration absolue.
« Je me sers d’idées inachevées, de messages contradictoires » dit Garcìa « L’homme apprend car il s’émerveille. […] Sans vertige il n’y a pas de prédisposition à l’apprentissage.» [3] Cette extase est basée sur l’association surprenante du connu et de l’étranger : fiction et réalité sont mêlées, les visions déraillent.
Les assises du discours de Garcìa (critique des sociétés de la consommation, « soumission durable », jardinage humain) sont abordées sur le terrain double de l’universalité du message artistique et du croisement entre contexte privé et publique.
En équilibre entre body art et vidéo-installation, happening et talk-show, les personnages ainsi construits peuplent un décor-déchet qui les étouffe. Des nombreuses boites des produits-symbole de la consommation sont vidées sur scène et les protagonistes se vautrent souvent dans cette boue. No-global avant et au-delà des no-globals, l’esthétique de Rodrigo Garcìa est un fondamentalisme : signe d’un passage dramatique du tiers au premier monde.
De la pauvreté absolue à l’absolue pauvreté de l’âme.
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[1] Entretien avec Rodrigo García, Propos recueillis par David Sanson, traduits de l’espagnol par Christilla Vasserot (http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Arrojad-mis-cenizas-sobre-Mickey/ensavoirplus/idcontent/3343).
[2] Carnaval sud-américain violent et politiquement incorrect
[3] Ibid.
ben tornato…
e in grande stile anche….
à bientot à Rome-lla
Meeeeeeeeeeeeeeeeeeeerki!!!