La maladie de l’œil
scritto mercoledì 13 giugno 2007 alle 01:11
Œil, occhio, ojo. Du latin, oculus « organe de la vue », mot qui désigne aussi tout objet en forme circulaire comme les dessins sur la queue d’un paon, les bulbes, les tache sur la peau des animaux et sur les fourrures.
L’œil se caractérise linguistiquement surtout avec sa forme, son utilisation figurées n’existant que pour définire une forme analogue à l’œil : curieusement les fonctions liées à l’activité de voir ne semblent pas être prioritaires de ce point de vue. Donc la fonction principale de l’œil reste de quelques façons caché par rapport à l’emploi de la parole dans le langage.
Le mot « oculus » – d’où comme on vient de dire les langues latines ont dérivé les respectives formes modernes – a une racine indo-européenne en iksate « il regarde » ; telle racine figure dans les adjectifs latins en –ox comme ferox ou atrox, qui expriment un excès, quelque chose de remarquable.
La mutation du mot dans les différentes langues est fortement conditionnée par les croyances attachées au mauvais sort transmis par l’œil : le « mauvais œil » “pratique” magique qui en italien s’exprime par un seul mot, « malocchio ». Dans l’Avesta, le nom correspondant à l’ancienne forme neutre de la racine, avec élargissement en « s » désigne l’œil des êtres malfaisants. En vieux perse l’œil est nommé (h)u-čašma, littéralement « bon œil ». Chez les Grecs on a même volontairement altéré le mot en arrivant à « ophthalmos » ; chez les Irlandais le nom originaire de l’œil (considéré de mauvais augure) par celui du soleil « sùil ».
Il est à cause du même effet de tabou que dans les langues latines on n’utilise pas de mots dérivés de l’organe de la vue pour exprimer l’idée de voir, qui se rapporte plutôt à l’activité de la connaissance (« voir ») ou bien à l’observation analytique et narrative ( « inspecter » , « spectacle » ). Et du reste les formes de vision dérivées du mot œil (français : « œillade », italien : « oeillade » mais dans cette dernière langue encore plus évident en « occhieggiare », « lorgner ») ont une forte connotation négative.
Il se passe (et s’est passé) souvent chez les populations primitives (par exemple chez les Lakotas) que les membres des tribus, familles ou groups sociaux se refusent d’être pris en photographie, étant cette technique une sorte de redoublement de l’œil, sa reproduction de la réalité étant plus proche à la vision qu’à la représentation (qui est toujours une activité d’expression).
La valorisation de la vue comme activité de reproduction concrète et sérielle d’abord du monde et après de l’existence même des individus est un phénomène des époques récentes de notre coin de la planète.
Du reste chez beaucoup de civilisations (et – d’après notre petite excursion étymologique dans l’ancien occident aussi) l’œil a été considéré comme le plus facile des sens et pour cette raison le plus trompeur entre eux, d’où la nécessité de développer les autres dont les capacités de connaissance de l’environnement sont tout à fait extraordinaires.
Notre civilisation, la plus aveugle de l’histoire de l’homme, a mis l’œil au centre de sa culture.